Hommage aux Beaux-Arts de Caen (et à Giacometti un peu aussi)

Quelques extraits de textes du livre de Charles Juliet : Giacometti.

Ce sont les mots mêmes de l'artiste.

- "J'avais tout d'un coup conscience de la profondeur dans laquelle nous baignons tous, et qu'on ne remarque pas parce qu'on y est trop habitué. La profondeur métamorphosait les gens, les arbres, les objets. Il y avait un silence extraordinaire, presque angoissant. Car le sentiment de la profondeur engendre le silence, noie les objets dans le silence."

- "Pénible retour au temps, au quotidien, à tout ce qui pèse, angoisse, enlaidit l'existence. Conscience accrue de la grisaille, de notre précarité, de cette souffrance de fond dont nous ne parvenons que rarement à nous libérer."

- "J'ai toujours eu l'impression ou le sentiment de la fragilité des êtres vivants, comme s'il fallait une énergie formidable pour qu'ils puissent tenir debout. Jamais je n'arriverai à mettre dans un portrait toute la force qu'il y a dans une tête. Le seul fait de vivre, ça exige déjà une telle volonté et une telle énergie."

J'aimerai retrouver ce ressenti, cette émotion que j'ai en lisant ça, chez les artistes contemporains. Quelques uns heureusement me font de l'effet, mais ils sont trop rares.

J'ai en ce moment une envie profonde de découvrir des artistes, même un seul me suffirait, qui me touchent réellement, me fassent réfléchir, avancer, agir, oublier, qui me donnent envie de plonger tête baissée. Qui me fassent du bien.

C'est peut-être ce qui me manque le plus des Beaux-Arts. La bibliothèque et ses deux bibliothécaires. Venir errer, ne rien chercher, prendre au hasard, prendre le temps, découvrir par inadvertance, parler et échanger ses trouvailles. "Tiens ça, ça pourrait t'intéresser", "oh, j'ai trouvé un truc, ça rappelle vachement ton boulot"... Quitte à empêcher les gens de travailler. De toute façon, pour moi la bibliothèque des Beaux-Arts n'était pas faite pour travailler!

Et puis on avait des bibliothécaires! Une tuerie! Profondément géniaux.

Exemple au hasard: "Euh je cherche un livre sur un artiste, mais euh je sais pas comment il s'appelle, ni trop ce qu'il fait... enfin genre il a fait une photo avec une chaise..."

Et là bam, ils nous sortaient exactement ce qu'on cherchait, et en général rajoutait "ah bah si tu veux y'a aussi ça et ça et ça ... (tout en sortant chaque livre) qui peut t'intéresser". Génial!

Bref, la Fnac n'a pas ce charme, on y est pas aussi bien, et les gens qui y travaillent pas aussi calés c'est certain.

Mais c'est la nostalgie qui parle.