Aujourd’hui je voudrais faire des sculptures de dos en papier.
Appuyer une grande feuille de papier sur un dos nu, voûté, et trouver une manière de fixer les plis, de fixer la forme, que le papier ne bouge plus. Qu’il se fige.
Le papier figé exprime une prostration, un poids, que je recherche, comme une sensation de lourdeur, tout en réussissant à créer un moment de légèreté. Des sculptures de dos prostrés flottant dans l’air. C’est ce que je voudrais réussir à réaliser aujourd’hui. J’espère y arriver.
Le papier figé exprime une prostration, un poids, que je recherche, comme une sensation de lourdeur, tout en réussissant à créer un moment de légèreté. Des sculptures de dos prostrés flottant dans l’air. C’est ce que je voudrais réussir à réaliser aujourd’hui. J’espère y arriver.
Je pense utiliser un papier très fin, très léger. En fait mon idée est de réaliser ces sculptures dans un matériau léger et fragile.
Un papier qui prendrait tous les plis, tout ce qui peut marquer, comme le dos prend toutes les blessures, les accros, les difficultés.
Un papier léger qui donnerait la sensation d'un nuage, d'un envol, d'un souffle. L'impression de flotter dans l’air.
Mais une fois le papier aplati sur le dos, une fois qu'il a pris la forme du dos, je voudrais l'immobiliser, par de la colle sans doute, et ainsi obtenir une sculpture totalement rigide, solide. jouer sur les rapports de force: léger, aérien mais figé.
Donner l'impression d'avancer, de voler, alors qu'on est empetré.
donner l'impression de peser des tonnes alors qu'on se laisser pousser par le vent.
C'est un peu comme cela que je vois les choses. Je ne veux pas seulement de la souffrance, de la tristesse, du poids. Le dos n’est pas seulement le reflet de nos failles, il est aussi ce qui nous porte, ce qui nous fait avancer et ce qui nous fait redresser le corps et la tête.
Il y a toujours un écart entre ce que l'on laisse passer de nous, sciemment ou non, et ce que l'on est en réalité. Ou bien ce sont les gens qui font semblant de ne rien voir.
Mais je ne peux pas leur en vouloir, les gens voient le plus souvent ce qu’on leur montre et ne cherchent surtout pas à creuser.
Moi j’aime voir ce qu’on ne me montre pas justement, ce que l’on essaye de me cacher. Je n’ai pas la prétention d’y arriver mais c’est ce qui me plait, ce que j’aime en l’Homme. Si moi je passe ma vie à me cacher, j’imagine que les autres font la même chose.
L’humanité greffée au fond de tous est à la fois déprimante et rassurante.
Un cocon en barbelé, une image de ce genre. (une autre idée à creuser mais sûrement déjà fait mille fois).
Mon travail artistique est fondé sur ces recherches, ces réflexions sur l’Homme. Une lutte entre l’existence et la disparition, entre la force et la fragilité, l’existence de deux notions contraires en une seule image. Car rien n’est tout blanc ou tout noir, je déteste le manichéisme tant il me semble éloigné de la réalité.
Le gris est bien plus raisonnable. D’ailleurs le gris est ce que je peins. Du gris, toujours, des gris colorés, des gris clairs ou foncés. Je n’arrive plus à sortir de cette ambiance. Je n’avais jamais vraiment réfléchi à « pourquoi le gris ? », les choses évidentes nous échappent si souvent que cela en est parfois troublant. Quand je peins des dos, j’ai l’impression, la sensation de peindre l’âme, de peindre l’invisible.
Maintenant je vais m'essayer à la sculpture et voir ce que cela donne.
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